La podo-orthèsie vivrait-elle actuellement la plus grosse avancée technologique de son histoire ? Chez Breizh Podo, nous ne sommes pas loin de le penser, car aucune autre période n’a porté autant d’avancées majeures. Au coeur de cette révolution, les outils numériques qui changent réellement tout pour le podo-orthésiste et pour ses patients.
Breizh podo, une entreprise artisanale qui mise sur le numérique
Chez Breizh Podo, nous partageons régulièrement sur notre site des articles qui témoignent de l’intérêt que nous portons aux nouvelles technologies dans notre métier qui reste néanmoins un métier artisanal. Ainsi, nous avons déjà publié un article Breizh Podo, une entreprise hautement équipée ou plus récemment un autre sur l’impression 3D : L’impression 3D change tout pour nos patients.
L’artisanat n’est pas incompatible avec l’usage d’outils numériques et technologiques modernes. En effet, l’artisanat se définit comme une activité professionnelle indépendante de production, de transformation, de réparation ou de prestation de service, hors contexte industriel de masse.
L’entreprise artisanale que nous sommes, spécialiste de l’appareillage sur mesure du pied, peut donc avoir recours aux technologies du numérique pour accompagner et améliorer sa production dont la qualité dépend en bonne partie de sa précision.
Et puis, le numérique, c’est aussi pour Breizh Podo une présence sur internet avec un site moderne, sans oublier les réseaux sociaux (Facebook et LinkedIn). De nos jours, il nous semble important d’être en contact avec ses patients et de les informer, notamment via des outils numériques.
Enfin une révolution pour la podo-orthésie
Les premiers actes connus de podo-orthèsie datent d’il y a plus de 2400 ans et il faut bien avouer que depuis, les avancées historiques n’ont pas été nombreuses. Au point de se demander si la période actuelle ne marque pas un moment historique avec sa « révolution numérique » ?
Pour s’en convaincre, il peut suffire de consulter l’encadré situé en fin d’article qui se propose d’examiner les grandes dates de l’histoire de la podo-orthèsie jusqu’à aujourd’hui.
Le temps et le recul apporteront sans doute rapidement un éclairage sur l’importance qu’a eu l’étape que nous vivons actuellement. Pour notre part, chez Breizh Podo, nous sommes convaincus que nous vivons une période historique majeure. Il nous suffit pour cela d’examiner tout le chemin parcouru en seulement quelques mois.
Depuis janvier 2022, Breizh Podo s’appuie sur le logiciel Rhino 7
Les recherches d’innovations, de performance et de bénéfices clients couplées à l’intérêt que porte notre podo-orthésiste DE aux technologies numériques l’ont amené à rechercher et à tester de nombreux produits et solutions.
Depuis bientôt un an, Luc Sieurin a investi beaucoup de temps autour d’une solution logiciel du nom de Rhino (Rhinoceros 3D). Rhino 7 est un logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO) développé par l’entreprise Robert McNeel & Associates. Ce logiciel de CAO sert principalement à concevoir des objets complexes (véhicules, navires, mobilier, design, bijoux, etc.) et dans notre cas, des formes qui serviront à fabriquer les chaussures orthopédiques de nos clients.
« J’ai mobilisé du temps sur d’autres logiciels (SpaceClaim, Fusion 360…), mais pour des raisons diverses comme l’efficacité ou le prix, je n’ai pas été totalement satisfait. Je connais Rhino depuis 2012 et je l’ai utilisé régulièrement depuis 2015. Au mois de janvier 2022, j’ai décidé d’acheter une licence et de me plonger à 100% dedans. J’ai consacré plus de 150h à ma formation, y compris auprès de formateurs spécialisés. Rhino me permet de concevoir de nombreuses pièces adaptées à chaque patient comme des semelles, des intérieurs et des extérieurs de chaussures, des formes (moulages de pieds), des pièces de releveurs et tout autre outillage dont un podo-orthésiste peut avoir besoin au quotidien pour travailler », résume Luc Sieurin.
Un process intègre tous les bénéfices des technologies numériques
Au fil des années, nous avons intégré des outils et des « étapes » numériques dans la prise en charge de nos patients. Comme nous l’avons déjà expliqué dans d’autres articles, chez Breizh Podo, le process débute par un entretien, puis il est suivi d’un bilan podologique qui comprend une prise d’empreinte du pied (qui est scannée pour être numérisée) et un scan du pied qui permet d’obtenir une image numérique complète et en 3D du pied.
« Ce scan du pied est envoyé à Rhino », reprend Luc Sieurin. « Je peux le retravailler, lui donner des courbures, des angulations, le mettre aux mesures du pied. Je répercute sur la forme 3D les têtes métatarsiennes, la petite entrée, la grande entrée, la hauteur de la cheville et la hauteur du mollet. Tous les paramètres sont reportés sur le plan qui représente l’empreinte du pied et je détermine des mesures de contour pour obtenir le volume qui sera celui de la chaussure. Je peux aussi ajouter des angulations qui correspondent aux hauteurs de talons. »
Ensuite, notre podo-orthésiste imprime la forme du pied en 3D. Cette forme est ensuite prise en charge par les ouvriers de notre atelier pour réaliser les chaussures du patient.
« Avec ce process, on obtient des chaussures qui sont extrêmement fidèles à ce que j’ai conçu pour mon patient. Le chaussage tombe le plus souvent juste tout de suite », souligne Luc Sieurin.
La fabrication des semelles passe aussi par des étapes numériques
Alors que nous venons d’évoquer le cheminement et les étapes qui conduisent à la fabrication de la forme et de la tige de la chaussure, parallèlement, la semelle est fabriquée selon un process où les outils numériques apportent encore toute leur efficacité et leur précision à appliquer les choix du podo-orthésiste : prise d’empreinte du pied, scan de l’empreinte, corrections apportées numériquement puis découpe d’une plaque d’EVA (Ethel vinyl acétate, matériau synthétique qui s’apparente à une mousse) à l’aide d’une fraiseuse numérique CNC avec une extrême précision. Au final, on obtient une semelle orthopédique sur mesure parfaitement adaptée au patient.
Rapprocher numériquement les formes des semelles
Chez Breizh Podo, l’idée d’uniformiser et de coupler le process numérique de conception des formes et celui de la conception et de la fabrication des semelles est bien entendu déjà dans la tête de notre podo-orthésiste. Pour lui, l’innovation est une quête permanente, qui va de pair avec sa préoccupation de trouver les meilleures solutions pour ses patients.
Une réflexion est déjà engagée et des formations sont déjà programmées pour préparer au mieux les prochaines étapes. Nous vous tiendrons au courant de nos avancées !
L’histoire décousue de la podo-orthésie et des techniques d’appareillage du pied
Au plus loin, on peut remonter jusqu’à 400 avant J.-C. pour retrouver une prise en charge du pied bot, dont Hippocrate disait « le pied bot est curable dans la majorité des cas. Le mieux est de traiter cette lésion le plus tôt possible avant qu’il ne devienne une atrophie prononcée ».
Pas d’études scientifiques et peu de documentation
Ensuite, pendant plus de 2200 ans, on trouve peu de traces du pied appareillé. Dans la page internet qu’il consacre à l’histoire de la chaussure orthopédique, le docteur Rémi Dolhem, administrateur de l’association du musée hospitalier régional de Lille, note qu’elle « n’a pas fait l’objet d’études spécifiques » et que « la documentation est pauvre ». Il précise néanmoins que le terme « bottines mécaniques » est apparu dans des ouvrages médicaux du milieu du XIXe siècle, que le terme « chaussures orthopédiques » date de la fin du XIXe siècle et que celui de « chaussures thérapeutiques » sur mesure n’apparait que dans le journal officiel du 16 juillet 1996.
Enfin, notons que le néologisme « orthopédie » est à mettre au crédit, en 1741, de Nicolas Andry, médecin et homme de lettres français surnommé « le père de la parasitologie ».
Peu d’avancées majeures en podo-orthésie dans l’histoire
Il est donc assez compliqué de retracer l’histoire et l’évolution de l’appareillage du pied. Est-ce à dire que la technique aurait peu avancé et n’aurait presque pas connu de périodes charnières ? On n’en est pas loin… En effet, seulement trois périodes ont marqué les avancées technologiques de l’orthopédie : les chirurgiens orthopédistes du XIXe siècle, les prises en charge et l’appareillage des blessés de la Grande Guerre 14-18, puis le bottier devenu podo-orthésiste à la fin du XXe siècle.
Autant dire que si on en reste au pur domaine de la podo-orthésie, la dernière (et seule ?) avancée majeure à ce jour date d’un tout petit peu plus d’un siècle, au moment de la Première Guerre mondiale pendant laquelle les armes modernes ont causé des dégâts sur les hommes pour lesquels il a fallu trouver des solutions techniques.